Notre civilisation n'est plus ; une forêt gigantesque s'étend désormais sur la moitié de l'Europe. Un ermite et son disciple font route vers les ruines de Paris dans l'espoir d'y découvrir les traces d'une culture disparue. Captivé, émerveillé, le lecteur s'engage à leur suite dans cette forêt extraordinaire, peuplée de termites géantes et de fleurs carnivores, de héros déchus et de milices sanglantes.
A travers vingt-deux exemples concrets, l'auteur nous offre le moyen de comprendre, d'interpréter et d'utiliser à notre profit ce qui semblait privé de sens, jusqu'ici, dans notre subconscient.
« À travers mon expérience d'avocat du barreau depuis plus de trente ans, et de bâtonnier pendant deux ans, j'ai mesuré l'archaïsme de notre système et sa dégradation accrue depuis trois ans. La France n'a jamais su trouver d'équilibre durable entre sécurité et liberté. Mais depuis trois ans, le fléau de la balance penche de manière inquiétante du côté de la sécurité. Comme bâtonnier de Paris, j'ai eu affaire à deux ministres de la Justice (Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie). Je me suis opposé à elles, parfois sans ménagement. Ce faisant, j'ai été un observateur privilégié de leur action. Et je n'hésite pas à qualifier de rage sécuritaire la ligne suivie par le gouvernement depuis trois ans. La garde à vue en est le point le plus voyant. Le projet de réforme le plus récent n'est qu'un habile trompe-l'oeil. Il n'apporte aucune amélioration réelle. Plus que jamais nous restons dans une culture de l'aveu, quand le président de la République lui-même avait appelé à une « culture de la preuve ». Autre mesure des plus préoccupantes : la rétention de sûreté. Empêcher qu'un criminel endurci sorte de prison après avoir purgé sa dette est contraire à l'humanisme. C'est une manière démagogique et inefficace de répondre à des drames que je ne mésestime pas. Dans la législation actuelle, le juge se trouve dans l'obligation de motiver sa décision quand elle est bienveillante. Mais il en est dispensé quand elle est sévère. Curieuse et significative philosophie ! Les peines planchers, les mesures prises en matière de répression des mineurs sont d'autres mesures qui concourent à jeter notre pays dans cette voie dangereuse de la démagogie sécuritaire. Ces orientations n'ont pas échappé aux institutions européennes. Notre pays a été pointé du doigt à plusieurs reprises par la Cour européenne de Strasbourg. La condamnation récente à propos des Roms n'est donc pas un accident. Depuis plusieurs années, la France, pourtant si prompte à donner des leçons, se retrouve en position de cancre des droits de l'homme. Or, quand la justice boîte, c'est la démocratie qui trébuche. »
La liberté d'expression n'est pas seulement consubstantielle à la démocratie, elle en est le symbole même. Les restrictions, qu'a un certain moment on lui fait subir, sont un symptôme inquiétant d'un retour à la tyrannie. Les fondateurs des Etats-Unis d'Amérique qui avaient fui l'oppression de la misère ou des pouvoirs en Europe en ont fait te premier amendement de leur Constitution. En France, la Révolution de 1830 est née des censures que Charles X prétendait lui faire subir.
La IIIème République avait six ans lorsque fut promulguée la loi du 29 juillet 1881 qui réaffirme, dans la ligne de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : "l'imprimerie et la librairie sont libres". Les soixante-huit articles qui suivent enserrent dans des règles exigeantes les exceptions qui peuvent affecter la liberté d'expression. Aucune liberté n'est absolue : sa limite réside dans les droits d'autrui.
La liberté d'expression, conçue comme un attribut essentiel de la liberté de toute personne humaine -- celle d'exprimer une pensée - est inséparable de l'ambition démocratique. Les journalistes en sont les serviteurs privilégiés et les porte-drapeaux. Ils méritent notre soutien à chaque fois qu'un arbitraire prétend leur couper la langue, écraser leurs plumes, réduire en pièces leurs rotatives, voire leur retirer la liberté ou môme la vie.
Méditons sans nous lasser la phrase de Benjamin Franklin : "Celui qui sacrifie une liberté essentielle au profit d'une sécurité éphémère et aléatoire ne mérite ni la liberté, ni la sécurité".